Comment ça ? COVID-19: la prise température pour lutter contre le virus ?!
La fièvre peut-être l’un des symptômes les plus importants du coronarivus.
Dans les aéroports, la prise de température à l’aide d’un thermomètre infrarouge numérique est devenue pratique courante. Le thermomètre classique et les systèmes avancés de caméra thermique sont d’autres techniques utilisées. Serait-il utile et légitime d’agir de la sorte sur le lieu de travail, afin de détecter de potentiels cas de COVID-19 ?
SUR LE PLAN MEDICAL
Cela n’est pas recommandé par les médecins du travail, car il n’existe pas de base scientifique. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Vlaams Agentschap Zorg en Gezondheid ne la promeuvent pas non plus.
La prise de température n’est pas une méthode fiable pour détecter le coronavirus:
- il est possible de souffrir du COVID-19 sans faire de température;
- la fièvre peut être masquée à l’aide de médicaments fébrifuges (paracétamol, par exemple);
- la fièvre n’est pas toujours synonyme de coronavirus ; Il peut aussi bien s’agir d’une autre affection, peut-être même d’une cause non clinique : efforts physiques ou différences jour-nuit. D'après les dernières études, 40 % personnes contaminées ne présentent aucun symptôme (et donc aucune hausse de leur température corporelle);
- une méthode irréprochable de mesure est requise;
- la distanciation sociale est-elle respectée?
En outre, à quel moment parle-t-on de hausse de température ? Comment l’interpréter ? Cela n’est utile que pour les contacts à haut ou à faible risque, où l’on conseille au collaborateur d’être attentif à d’éventuels symptômes. Il ne s’agit pas d’une mesure de prévention établie.
SUR LE PLAN JURIDIQUE
L'employeur ne peut imposer aucun autre examen médical que l’examen médical légal (Code du bien-être au travail, Livre I, Titre 4). Les aspects juridiques liés à la prise de température :
- l’employeur ne peut vous imposer de faire vérifier votre température ; tout collaborateur a le droit de refuser ;
- l’obtention, le traitement et la conservation des données médicales à caractère personnel sont soumis au RGPD ;
- il est bien question d’un acte médical. L’employeur a l’interdiction de jouer au docteur et les services d’inspection s’en assurent.
Conformité en matière protection des données
L’employeur ne peut pas prévoir d’examens généraux et systématiques. Il incombe au médecin du travail de prévoir des actions de prévention (Code du bien-être au travail, art. I.4-2 f).
Le simple fait de lire à haute voix la température affichée sur le thermomètre n’est pas considéré comme un traitement de données à caractère personnel, pour autant que la température ou toute autre conséquence (absence au travail) ne soient pas enregistrées. Faites-le intégrer officiellement dans le règlement de travail, après avoir sollicité l’avis du Comité PPT (Code du bien-être au travail, art. II.7-3). Dans tous les autres cas, les règles en matière de protection des données s’appliquent et il est alors question de traitement (non autorisé) de données à caractère personnel.
L’Autorité de protection des données définit la situation comme suit :
« La température d'une personne physique est une donnée à caractère personnel. Qui plus est, la température d'une personne fait partie d'une catégorie particulière de données à caractère personnel. En effet, le niveau de température corporelle constitue en soi une donnée à caractère personnel concernant la santé. »
INNI Rédaction
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