Le conseiller en prévention d’Aquafin Raf D’haen au sujet de l’impact sur son travail de la crise du coronavirus

 04/09/20

 COVID-19

« Le conseiller en prévention opère toujours dans une sorte de champ à haute tension »

Raf D’haen est conseiller en prévention à temps plein chez Aquafin. La crise du coronavirus lui a aussi posé des défis supplémentaires. « Nous avons mis sur pied une équipe multidisciplinaire COVID-19 et cela se passe très bien. » Raf nous explique comment cela se passe en pratique.

En quoi consiste votre tâche de conseiller en prévention au sein d’Aquafin ?

« Notre service de prévention est composé de 5 personnes fixes. Nous nous répartissons les tâches en fonction de la région et des capacités individuelles. Moi-même je travaille chez Aquafin depuis 2016 et je suis principalement responsable de la culture de sécurité. Une autre partie importante de mon travail est le bien-être psychosocial ainsi que d’autres tâches de soutien de la gestion. »

Comment se préparer à la crise chez Aquafin, comme à la crise du coronavirus ?

« Il y a quelques années, nous avons lancé un projet de culture de la sécurité. Notre ambition était - et elle l’est toujours - de créer une culture de sécurité proactive. Au tout début de l’évaluation, en 2017, il s’est avéré que notre culture de sécurité était plutôt qualifiable de calculée et réactive. Cependant, nous maitrisions déjà très bien la gestion des situations de crise. Rappelons par exemple la catastrophe ferroviaire à Wetteren. Aquafin a dû réagir rapidement ».

Avez-vous réagi de façon proactive à la crise de la COVID-19 ?

« Cette période m’a appris qu’il est impossible de travailler sur une culture de sécurité proactive sans compréhension de la culture de l’entreprise et du contexte social plus large. Au tout début, tout le monde en Belgique, et par extension en Europe, était très réticent au coronavirus et le relativisait. Au tout début, on ne pensait pas qu’il surviendrait ici. Lorsqu’il est apparu quand-même, le gouvernement nous faisait croire qu’on arriverait à le gérer facilement. Aucune proactivité donc chez nos politiques. Chez Aquafin, cependant, nous avons rapidement décidé de passer au télétravail. Non pas sans réussite ».

Les employés sont-ils restés au travail depuis le début du confinement ?

« Nos chantiers ont été à l’arrêt pendant un certain temps, mais un guide conducteur nous a permis de redémarrer en toute sécurité. Nous sommes parvenus à atteindre 90% de notre capacité très rapidement. Aquafin arrive bien à gérer une crise. Nous sommes aussi une entreprise essentielle. La purification des eaux usées ne peut être arrêtée. Nos activités devaient continuer dans le respect des mesures de sécurité. Nous étions bien préparés au passage au télétravail et nous avons pris très rapidement les mesures de sécurité nécessaires pour nos équipes sur le terrain. Nous avons ensuite affiné nos mesures et en avons fait des fils conducteurs visant l’ensemble de tout le secteur. »

Comment est-ce que vous préservez la sécurité de tous ?

« Nous avons élaboré un fil conducteur pour les travailleurs en chantier. Il comprend les équipements de protection qui doivent être mis à disposition et les activités autorisées et non-autorisées. Nous avons également des fils conducteurs pour le personnel de bureau et le personnel technique sur la route. Nous avons mis en place une équipe multidisciplinaire COVID-19 composée des différentes directions, les RH, le service de prévention et le service de communication. Et ça se passe très bien ».

Avez-vous eu assez d’équipement de protection à disposition dès le début ?

« Au début, nous n’avions pas assez de masques en stock, mais nous avons eu de la chance que notre directeur général ait jadis travaillé chez BASF. Grâce à ses connexions, il a pu obtenir un stock de 1 000 masques FFP3. Nous nous sommes également immédiatement assurés de pouvoir les réutiliser. En les mettant au séchoir, nous sommes en mesure de les récupérer. À condition bien entendu qu’ils ne sont pas trop sales. Désormais des nouvelles commandes sont livrées. Et nous attendons également la livraison d’une commande par l’intermédiaire de mon ancien employeur, l’Université d’Anvers. »

Comment les travailleurs d’Aquafin font-ils face à la crise de la COVID-19 ?

« Nous avons rapidement capté l’angoisse chez certaines personnes par l’entremise de nos personnes de confiance. Certaines personnes se souciaient d’être infectées et de tomber gravement malades. D’autres se sentaient isolés. Surtout les célibataires qui étaient dans l’impossibilité de retomber sur leur famille affichaient ce sentiment. Certaines personnes avaient aussi du mal à trouver le juste équilibre entre travail et vie privée. Ils se sentaient coupables et craignaient de ne plus être assez performants. La direction s’est chargée de leur dire d’accorder la priorité à la famille et qu’un travail au second plan n’était pas la fin du monde. Il y a beaucoup de compréhension pour la situation des travailleurs. Ils reçoivent également des conseils et des « trucs et astuces » et des FAQ sur le coronavirus en ligne. »

Quels ont été les plus grands défis à ce jour ?

« Il est possible de faire plus en distanciel qu’on ne le pensait, comme par exemple les entretiens d’embauche ou les formations. Il y a beaucoup de possible. Il suffit de repenser certains modèles. C’est, d’un autre côté, le côté positif de cette crise. Bien qu’il faille que certaines formations continuent à être données en présentiel. Comme celle sur la permission de « pénétrer les espaces confinés », comme les égouts et les stations de pompage. Nous en avons fait une formation à distance, mais ce n’est pas l’idéal. À l’avenir, nous devrons à nouveau organiser certains modules en présentiel, tout en respectant les consignes de sécurité ».

Quel est votre plan d’action pour les mois à venir ?

« La plupart du personnel est encore en télétravail. Chez Aquafin, nous ne voulons pas obliger quelqu’un à venir au bureau. Si la personne ne se sent pas en sécurité ou si elle appartient à un groupe à risque, elle doit être en mesure de décider elle-même si elle reste à la maison ou non. Fin juin, début juillet, de plus en plus de personnes ont commencé à revenir au bureau. Ce retour a bien été préparé, avec e.a. la signalisation au sol du sens de la circulation, la signalisation des postes de travail ouverts au travail, des masques, des stylos tactiles... Depuis le début de la deuxième vague, travailler à domicile est à nouveau la règle. Dans le souci de chercher à court terme des moyens pour pouvoir être amené à nous réunir en toute sécurité, de préférence à l’extérieur, ce qui n’est bien évidemment pas toujours possible, nous avons soumis notre climatisation et ventilation (HVAC) au siège social à un contrôle. Nous voulions savoir à quel endroit, avec combien de personnes et pour combien de temps une activité spécifique pouvait être organisée. Nous envisageons à l’heure actuelle de faire le suivi de CO2 pour surveiller la qualité de l’air/la ventilation. »

Comment avez-vous personnellement vécu cette période ?

« Le conseiller en prévention opère toujours dans une sorte de champ à haute tension. D’une part vous conseillez les autres à suivre une certaine mesure, de l’autre côté il faut tenir compte des intérêts et sensibilités de chacun. La crise de la COVID-19 a rendu cette zone de tension encore plus claire. À un moment donné, il fallait redémarrer les activités économiques. Mais l’enjeu économique était opposé à la santé publique et à notre sécurité. On remarque cette même tension chez les virologues. À l’heure actuelle, ils sont en quelque sorte les conseillers en prévention sociétaux. Ils conseillent sur base de leur expertise de virologue, mais ils sont parfois opposés au grand public et aux politiques retissant à certaines mesures de sécurité. Heureusement, la majorité des gens est convaincue par la vraie nécessité de mesures strictes. Davantage de soutien a été créé. »

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