Quotient d’adaptabilité et résilience: est-il temps de s’adapter?
Le quotient intellectuel (QI) est un classique. Le quotient émotionnel (QE), ou intelligence émotionnelle, parle également à la majorité d’entre nous. Nos capacités d'adaptation constitueront-elles le facteur clé par excellence pour réussir dans certaines fonctions ? En matière d’adaptation, l’on parle de quotient d’adaptabilité (QA).
Dans notre société, tout évolue, et les innovations filent toujours à plus grande vitesse. Il en va de même avec la pandémie (COVID-19). Les GRH sondent de plus en plus souvent le quotient d’adaptabilité (QA) des futurs travailleurs, outre les diplômes, les compétences et les aptitudes. Chez le travailleur, ils s’intéressent à la capacité de ce dernier à faire preuve de flexibilité, de manœuvrabilité et de dynamisme dans le but de s’adapter rapidement à un environnement de travail sans cesse changeant. C’est pourquoi le quotient d’adaptabilité est idéalement décrit comme la capacité à définir ce qui est pertinent, à laisser de côté des connaissances obsolètes, à prendre à bras le corps les défis qui se présentent et à s’adapter en temps réel.
Les personnes qui présentent un QA élevé se comportent comme suit : « ouverture d’esprit », considère la situation selon une autre perspective, développe de nouvelles compétences et investit dans l’autoapprentissage.
Au niveau des entreprises, nous en avons vu certains s’adapter en passant de la production de matelas à la production de masques buccaux. Certains restaurants se sont lancés dans l’emporter. D’autres entreprises ont lancé une production de gel hydroalcoolique pour les mains. Contrairement à ce qui se faisait auparavant, l’on demande aujourd’hui au travailleur de participer à la réflexion en matière de développement de nouveaux services, d’optimisation du télétravail, etc.
Le Conseil Supérieur de la Santé recommande d’investir davantage dans la préservation de la résilience des prestataires de soins pendant la pandémie. La résilience, c’est la capacité à s’adapter au stress et aux contretemps, et éventuellement à en ressortir plus fort. Il ne s’agit pas seulement de « revenir » à une position initiale, mais également de se développer. Elle est également appelée « vitamine R ».
Le QA me semble être un synonyme, disons une jolie appellation générique, de la « flexibilité » recherchée chez les (futurs) travailleurs. Même si ce n’est pas vraiment une nouvelle notion. Darwin la décrivait comme « la survie du plus apte », qui implique la survie du mieux adapté d’une population. S’adapter sans cesse à de nouvelles situations fait aujourd'hui partie de la (sur)vie et de l’évolution d’une espèce.
Une focalisation plus importante sur l’aspect psychosocial de la pandémie reste d’actualité. Elke Van Hoof, professeure à la VUB, a donc été invitée à rejoindre le groupe de travail sur la santé mentale qui apporte son soutien au GEES (Group of Experts for Exit Strategy). « La pandémie engendre davantage de stress et d’anxiété. C’est une réaction normale à une situation anormale. » En tant que psychologue, elle préside le groupe de travail (Conseil Supérieur de la Santé) qui s’intéresse à l’impact psychosocial du COVID-19.
Bien que nous soyons face à un ennemi invisible qui fait régner l’incertitude, cette anxiété ne peut tourner à la panique. L’hormone et les symptômes du stress prennent parfois le dessus, et il est alors on ne peut plus difficile de s’adapter. Il est nécessaire comprendre ce qu’est le stress. Le modèle de Karasek, un modèle de mesure du stress au travail (1979), indique que la résilience se construit en accordant de l’attention à la composante sociale (contacts sociaux) et à travers le recours au délassement, aussi limité soit-il. Ce délassement peut consister, par exemple, à faire davantage d’exercice, à se promener dans la nature, à s’adonner à un hobby, à prévoir des pauses dans le travail ou à rester créatif. Le modèle indique clairement qu’un travailleur doit élargir ses « possibilités de régulation » : travailler méthodiquement, créer de la routine dans la vie quotidienne, amener de la structure dans la journée, etc.
Avant tout, « lâchez prise » : acceptez ce que vous ne pouvez changer et changez ce que vous pouvez changer ! Pour citer Marc-Aurèle (121-180) : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé, et le courage de changer de qui peut l'être, mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. »
Dr. Wim Van Hooste, médecin du travail
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