La personne de confiance : quel lieu privilégier pour ses entretiens ?

Cas personne de confiance

« Plus de 5 000 ouvriers travaillent chez nous, dont beaucoup travaillent sur le terrain. Beaucoup n’ont pas de propre voiture et ne se rendent jamais au siège tandis que moi, je travaille en tant que personne de confiance au siège. Mon employeur a accepté le fait d’organiser les consultations en déplacement, par exemple dans une taverne ou chez les gens à la maison. Ce qui a mené à une situation inconfortable.

J’ai récemment accepté d’aller visiter une personne qui m’avait demandé un entretien pour parler de problèmes qui ressortaient de la sphère de la vie privée mais qui impactaient sa ponctualité et son travail de manière négative. Elle avait souvent la tête ailleurs et décevait régulièrement son chef de service.

Lorsque je suis arrivée, j’ai tout de suite remarqué les débris qui entouraient la maison. Une fois à l’intérieur il y avait une odeur de chat pénétrant et la maison me donnait loin d’une propre impression. Je me suis assis à la table dans la cuisine tout en ouvrant mon ordinateur portable et j’ai commencé à écouter son histoire intrigante.

Elle me parlait en détail des abus sexuels qu’elle a subi par son compagnon. Il avait déjà fait de la prison à plusieurs reprises et venait d’être libéré. En même temps, un homme entre et prend un café. L’atmosphère est devenue assez glauque et inconfortable.

En tant que personne de confiance, j’ai donné des conseils sur les adresses utiles à la personne pour l’orienter vers une aide spécifique et ensemble nous avons identifié les éventuelles prochaines étapes à prendre au travail. Elle me parlait d’aller voir son chef de service elle-même pour identifier avec lui les actions à entreprendre. J’avais mis de façon inaperçue mon téléphone portable près de moi, avec le numéro de mon mari au bout du doigt, je me sentais vraiment mal à l’aise. Il s’est avéré que l’homme qui est rentré était un ami, et non son compagnon, ce qui m’a calmé un peu. Je suis sortie après environ 2 heures, toujours fort impressionnée.

Que dit la législation ?

L'employeur veille à ce que la personne de confiance accomplisse en tout temps ses missions de manière complète et efficace. A cet effet, elle dispose d'un local adéquat pour exercer ses missions en toute confidentialité (Code bien-être I.3-57, 3°)

Conseil sur le lieu et l’endroit ?

Ce cas illustre que dans une grande entreprise la simple mise à disposition d’un local ne suffit pas toujours.

Accordez-vous avec votre employeur sur l’endroit où vous pouvez remplir votre mission de personne de confiance, en tenant compte du contexte de travail et des types d’entretiens.

Quelques cas de figure se présentent :

• L’entreprise opère sur une seule implémentation. Généralement, un seul espace suffit, un endroit où il est possible d’avoir une conversation à deux en toute tranquillité. Optez pour un local sans regards indiscrets. Si l’espace d’allaitement s’avère être la seule alternative, aménagez-le en fonction des deux fonctions attribuées. Prenez des dispositions pour ne pas être dérangé pendant l’entretien.
• L’entreprise opère à partir de plusieurs sites. Assurez-vous d’être en mesure d’avoir des entretiens confidentiels sur chaque site.
• Il n’y a pas de local pour des entretiens confidentiels. Anticipez avec votre employeur et prenez des dispositions d’organisation pour organiser les entretiens à l’extérieur : dans une taverne, un restaurant, au bord de la route, ... Accordez-vous sur les frais occasionnés lors de l’entretien, par exemple des frais de consommations, ou les frais de déplacements occasionnés pour se rendre auprès de la personne. Sont-ils à charge de l'employeur quel que soit le moment de la consultation ? (Art I.3-10, §2)
• Assurez-vous de la possibilité d’organiser des entretiens confidentiels chez les travailleurs à la maison. Prenez de bonnes dispositions en matière de sécurité. Par exemple, informez vos collègues de l’administration de l’endroit et du moment de l’entretien. Assurez-vous de savoir qui appeler en cas d’urgence. Encadrez le tout dans une politique d’agression plus large.

Ineke Van den Zegel