Que fait le conseiller en prévention en plein coronavirus ?
Ces dernières semaines l’attention de nombreux collègues, tout comme celle de votre serviteur d’ailleurs, est totalement portée vers le nouveau virus Covid-19. « Au secours, monsieur/madame le/la conseille(è)r(e) en prévention ! Que doit-on faire ? »
« La réunion peut-elle avoir lieu ? Le personnel peut-il faire du télétravail (car nous n’avons aucune politique en la matière) ? Faut-il éteindre l’air conditionné ? Vite, vite, on a besoin d’une procédure pour hypothèse X ou Y, ou même pour Z (bien que très peu probable ou pas du tout). Les collègues paniquent ! Pouvez-vous les calmer et leur donner de bonnes informations ? » Etcetera, etcetera. Cela vous semble familier ?
La plupart des employeurs préfèrent accélérer. Mieux vaut prendre trop de mesures que trop peu. D’autres ne se précipitent pas et commencent seulement à réfléchir de mesures à prendre. Après que le gouvernement ait pris des mesures très strictes.
Que peut-on, nous les conseillers en prévention et les employeurs, en retirer ? Assez bien, vous me direz. Est-ce un hasard qu’en chinois le mot « crise » est composé de caractères qui signifient à la fois « menace » et « opportunité » ?
Voici une petite sélection :
- Organisez le télétravail : si le sujet était encore un tabou jusqu’à présent et que votre organisation interdisait le télétravail ou le rendait difficile, c’est le moment de changer la donne. Beaucoup ont peur de perdre le contrôle, ont peu de confiance etc. Ils sont obligés maintenant de se mettre à l’eau. Un bon conseiller en prévention aide son employeur à élaborer une politique de télétravail en concertation avec les partenaires sociaux et l’assurance accidents du travail, il donne des conseils pour un travail à domicile ergonomique, etc. La CCT n° 85 vous aide à vous orienter. Tout comme le Vlaams Verkeerscentrum : regardez, chef, il y a pratiquement plus d’embouteillages !
- Un autre tabou en passe d’être brisé : la culture de réunions excessives. On s’en plaint souvent, mais on laisse tout tel quel. À part organiser une réunion pour voir comment réduire le nombre de réunions. Les semaines à venir vont démontrer que nous pouvons continuer à fonctionner sans toutes ces réunions. Nous allons enfin avoir l’occasion de consacrer du temps aux autres choses que l’on doit faire déjà depuis bien longtemps.
- Prenez au sérieux le Business Continuity. Actuellement c’est le test de résistance : votre organisation continue-t-elle à fonctionner ? Oui ? Alors, observez, apprenez et épatez votre boss en repérant les étapes à suivre à l’aide de la roue de Deming. Non ? Aidez votre ligne hiérarchique à prendre le problème à bras-le-corps.
- Le travail adapté : vous réussissez à donner du travail -un autre travail- à votre personnel ? Oui ? Parfait, leçon apprise et affinez votre plan d’action. Non ? Demandez à votre médecin du travail de vous aider à voir comment faire mieux.
- Pensez à la population à risque. Le Code nous impose d’effectuer une analyse des risques pour les catégories spécifiques de travailleurs (voir : les travailleurs qui se trouvent dans une position vulnérable au sein de l’entreprise) : les jeunes, les stagiaires, les mères de famille, les intérimaires, … mais également les personnes âgées si d’application. Covid-19 est surtout dangereux pour les personnes âgées ou pour celles qui souffrent de problèmes de santé. Savez-vous de qui il s’agit au sein de votre entreprise ? Bien entendu, n’oubliez pas le respect de la vie privée. On n’est pas obligé de partager ses problèmes de santé avec les autres. Demandez au médecin du travail de vous aider.
- Avez-vous au sein de votre entreprise une vue d’ensemble sur ces groupes à risque ? Savez-vous de qui de vos collègues il s’agit ? Non ? Alors, c’est l’occasion de le faire. Une prochaine crise pourrait peut-être affecter un autre groupe de personnes.
Enfin : malgré toute la souffrance humaine, cette crise est une opportunité pour notre profession. Il est clair encore une fois à quel point la prévention est importante. Prévenir les situations malsaines et dangereuses au lieu de les subir. Le paradoxe de la prévention est magnifiquement bien dénoncé : « Mon cher conseiller en prévention, chez nous, nous n’avons pratiquement pas d’accidents de travail ou de gens malades ! Que faites-vous comme ça à longueur de journée ? »
Et bien : ça !!
Stijn Indenhoek
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